Jours heureux

Publié le par Joan

   
 

Jours heureux
par Joan


   Guillaume est prof. Enfin maître. L'éducation c'est sa seconde passion. Je crois que j'aurais aimé l'avoir comme maître. Il n'a pas son pareil pour s'occuper des gosses, les intéresser et captiver leur attention. Je crois qu'il tient ça depuis le décès de sa mère après lequel il a du très vite s'occuper de sa soeur. Son père n'a pas tardé à se barrer quand il a vu que tout roulait sans lui. Et c'est pas un mal. Un pochtron pour père, c'est pas terrible, et mon Chacha a eu finalement de la chance de rester avec son frère.

La première passion de Guillaume en revanche, c'est la Beu. Sa beu. Au fond du jardin, grimpent des plants titanesques parsemés de belles têtes grasses. Notemment cet hybride que l'on a surnommé le "mutant" qui s'est entiché d'un rosier. Les deux plantes se sont enlassées et mêlées à tout jamais. Je ne sais pas comment il s'y prend, mais c'est comme si ces plants baignaient sous le soleil de l'équateur tellement ils sont beaux. Guilaume a un secret. Il parle à ses plants de beu. A la brune, quand le soleil se retire doucement, il va au fond de son jardin, près des vielles pierres. Là, il s'assoit sur un petit tabouret et discute avec ses plantes pendant une heure si ce n'est plus. Il leur raconte sa journée, les caresse, parfois même leur joue de la guitare. Lorsque un chat passe entre ses jambes, ronronnant de plaisir, la queue en l'air. Soudain Guillaume se lève, prend le matou dans ses bras et s'en rentre pour préparer à manger pour lui et sa petite soeur.

Et nous voilà nous, débarqués pour quelques jours. La maison n'a pas changé. Cinq ou six chats se baladent à leur gré dans les pièces de la baraque. Le père, la mère, l'amant, et les enfants. La salle de bain n'a toujours pas de porte. Et partout, je retrouve des têtes de wizz disséminées dans des boîtes, des tiroirs, comme si chaque recoins de la maison était l'endroit idéal pour entreposer ça. Et ça me fait toujours autant sourire. J'en ai même trouvé dans notre lit ce matin. J'y ai trouvé Chacha aussi. Blottie contre moi.

La journée nous nous promenons dans Morlaix avec Jade. Nous passons sous l'aqueduc qui emjambe le centre ville, grimpons les ruelles tortueuses pour enfin surplomber la ville et saluer en même temps Guillaume qui enseigne dans la petite école tout la-haut. Puis nous nous arrêtons dans un de ces petits rades où les vieux parlent entre eux le langage de nos ancêtres, se méfiant toujours de la jeunesse un peu trop chevelue et farfelue à leur goût. Le soir, la cheminée crépite et la musique se fait douce. Jade discute beaucoup avec Guillaume de l'école et des enfants et se fume jazz sur jazz. Pendant ce temps Chacha m'asticote et finit toujours par s'endormir dans mes bras.

Le temps semble s'arrêter ces quelques jours. Il fait bon vivre ici. Et puis... nous flottons continuellement dans un nuage de fumée.
On a beau dire, c'est de la bretonne, mais elle déchire bien.


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Publié dans On the road

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